Dans un salon romantique lyonnais

Le pianoforte fait ses débuts à Paris en 1768 lors du Concert Spirituel, une série d‘événements musicaux publics organisés au palais des Tuileries entre 1725 et 1790. À cette occasion Mlle Lechantre joue une pièce d‘un certain Mr Romain. Nous connaissons l‘identité de ce compositeur grâce aux recherches récentes de l‘un de ses descendants: il s‘agit de Romain de Brasseur, et il est probable que de Mlle Lechantre ait interprété une de ses sonates.

Au cours des trois décennies suivantes, le pianoforte connait un véritable essor à la capitale et de nombreuses œuvres pour le nouvel instrument expressif voient le jour. Méconnues aujourd’hui, ces pièces retracent, de manière dynamique et émouvante, la période de découverte du pianoforte en France.

Parmi elles, figurent des morceaux de trois compositrices : la quasi-anonyme Mme de Villeblanche, l‘unique trace de sa vie est un recueil de sonates, la lyonnaise Hélène de Montgeroult, visionnaire romantique aux 114 études, et Julie Candeille, qui fut non seulement compositrice et pianiste, mais aussi autrice, comédienne, librettiste et chanteuse.

Marcia Hadjimarkos, spécialiste des instruments à clavier du XVIIIème siècle, interprète ces œuvres sur un pianoforte carré de Johannes Bätz construit en 1789 à Frankfurt-am-Mein qui est resté dans la même famille parisienne pendant 200 ans. Selon la tradition familiale, cet instrument est associé à la Princesse de Lamballe, dédicataire de la sonate de Julie Candeille. Il a été restauré par Christopher Clarke.